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LE SILENCE, nouvel éclairage.

Témoignage post-retraite de Pâques 2023 dans le Monastère Pierre Châtel à Virignin.


Un processus intéressant de silence et d’ouverture de perception.


Tout d’abord le lieu. Le monastère de Pierre Châtel à Virignin, où l’Association « A ciel Ouvert » propose différents évènements reliés.

J’y ai déjà séjourné l’an passé à la même occasion.


Lorsque j’arrive je me sens de suite « chez moi ». Je sais pourquoi je viens, à peu près qui je vais voir, même s’il y a de nouvelles personnes chaque année et j’ignore totalement ce qui va se passer. L’habitude est prise maintenant de venir aux retraites de NATARAJ Sadhana Yoga Studies sans attente et de me laisser porter par les processus qui s’opèrent. Ce qui a fondamentalement changé est ma façon d’aborder cela. Sans attente, mais sans pathos non plus...enfin presque sans… il reste encore quelques miasmes de « celle qui croit à l’illusion »..ou en tout cas celle qui s’y laisse prendre !!


Avant que l’accueil commence, je déambule dans le lieu, prends des photographies avec l’intention de laisser mon téléphone-appareil photo de côté.


Les participants arrivent, le groupe se constitue petit à petit.

Ma première impression a été que « ça » parlait beaucoup !! J’ai toujours vécu dans un environnement peu causant et depuis quelques mois, je vis seule et donc particulièrement en silence. Alors j’ai hâte que le silence collectif, puisque tous venaient pour cela, débute. Intéressant de voir que même cela "le silence, j'ai envie de le partager ! Se taire ensemble consciemment ! Pas chacun de son côté, ensemble. Seuls et ensemble.


La retraite est ouverte et quelques pratiques proposées viennent me percuter : il faut parler. Se plaindre à l’autre de tout ce qui ne va pas dans nos vies. Être écoutée sans écho. Puis avec un écho particulier -que je ne peux révéler ici sans dénaturer l’impact de la pratique. Puis avec une autre type d’écho. Difficile exercice vraiment. Des mises en lumière primordiale.


La parole nous est donné pour nous exprimer. « Au commencement était le verbe et la parole est d’or ». Que met-on après le verbe ?

Il m’a été offert la possibilité de prendre conscience qu’il m’est possible de m’exprimer de façon neutre. Et c’est ce que j’ai tenté d’expérimenter en verbalisant ce qui se présentait d’inconfortable actuellement dans ma vie, sans pour autant m’en plaindre. Au contraire.

Au fond de moi et une part de moi s’en réjouit car elle sait que cela la fait grandir.

Que cela passe ou ne change pas, peu importe.

Il y a une forme d’acceptation à ce qui est et qui donne des clefs de compréhension.

Peu importe également que nous soyons untel ou unetelle, que nous occupions telle ou telle place dans un groupe – merci à mon binôme pour son authenticité – nous traversons tous des expériences de vie confrontantes. Ce rappel de mon MC – maître contemporain, Stéphane - « Peu importe ce que vous traversez, l’important est la manière dont vous le traversez en sachant que rien ne peut enlever votre joie d’être ».


Une dernière pratique orale de Svadyaya, expression du Soi, autour du thème de la cohérence. Ce que cet exercice m’a révélé se manifeste à mon retour, j’en parlerai donc plus loin.


Puis le silence est officiellement annoncé.

Ah enfin !!! Moment de grâce. Je ne suis plus seule à me taire.

Tout au long du week-end, certaines personnes dérogent à la règle.

Je perçois mon avancée : j’aurai été agacée, j’aurai jugé l’incohérence justement de ces personnes. Je les ai regardé avec beaucoup de respect. Consciente que finalement ce n’est pas si facile d’assumer le fait de parler à l’occasion d’une retraite de silence !! Souvent d’ailleurs ces personnes se taisaient à l’approche des « silencieux ».

Je les ai accueilli avec gratitude aussi car elles ont été le « onzième » disciple, un rôle indélicat et inconfortable qui permet à ceux qui y sont confronter de grandir en compassion : chacun fait ce qu'il peut au moment où ce qui se présente se présente !!


Puis arrive dans ma tête un compagnon indésirable : le mental. Il n’a pas été invité.

Pourtant il prend une place énorme. Il commente et il revient en boucle sur ce que je vis à l’extérieur de ce moment. Il me faut une forte volonté pour revenir juste dans l’ici et maintenant, au centre, réaligner ma conscience humaine à mes consciences spirituelle et divine.

D’autres pratiques viennent me percuter encore. Certaines pas assez longues à mon goût. J’ai besoin de temps pour plonger un peu plus profondément….et puis je lâche prise et reviens à ce fondamental que « Tout est juste ».

Oui je sais c’est déroutant mais c’est le cas. En écho à ce que disait le père d’une amie sur son lit de mort, il y a quelques mois : « Nous sommes là pour aimer….même Poutine ».

Aimer ce qui est, de façon neutre : la pratique telle qu’elle nous est proposée, le temps qui nous est accordé...tout. Tout est juste.


Le moment du retour à la parole.

Je n’ai pas envie. J’écoute et je perçois à mon niveau que la parole libérée repart de suite vers les préoccupations de chacun qui s’épanche auprès de l’autre. Je reste dans ma bulle : seule et ensemble. Puis je sors du groupe : le flot de mots est trop important, trop rapide. J’ai besoin de temps là aussi pour « revenir » à l’échange verbal.


C’est au cours du déjeuner que cela vient. Et là grande surprise : j’écoute ma voix, elle a changé. J’ignore si c’est une des pratiques qui m’a fait sortir un ‘je ne sais quoi’ en toussant sec à m’en étouffer, toujours est-il que la douceur de ma voix était juste incroyable. Les mots posés. Comme s’ils étaient choisis avant qu’ils ne sortent. Et pourtant je parlais de moi.

Ce à quoi je résiste souvent. Mais je perçois aussi, ce qui est nouveau pour moi, que cela a été possible par la présence particulière des personnes autour de moi, celles-là et pas d’autres. Certaines occasions s’étaient présentées précédemment et la parole ne s’était pas libérée. Je n'avais pas envie. Il y a eu comme une écoute intérieure qui a su où cela était possible pour moi. Et en l’occurence c’était là où j'ai senti la possibilité d'une écoute bienveillante, sans curiosité mais avec un goût véritable d’avoir des nouvelles de l’autre.


Nous finissons par constituer une famille, avec les avantages et les confrontations que recèle toute famille. Nous nous retrouvons lors de certaines retraites. Nous avons des affinités avec certains membres plus qu'avec d'autres, nous partageons plus de moment "hors" retraite avec certains. D’autres arrivent et, pour l’avoir vécu, sont accueillis comme s’ils avaient toujours été là. Une particularité de cette Association, en tout cas le premier endroit où j’ ai perçu cet accueil inconditionnel….en l’écrivant je dois reconnaître que je l’avais déjà ressenti lors de ma rencontre avec ce qui allait devenir ma « belle-famille ». Fernande et Roger m’ont accueilli sans conditions. Je les remercie encore, quoiqu’il en soit advenu par la suite.


L’heure des « Aurevoir »

Un moment que Stéphane transforme en « Bienvenue ». La fin étant le commencement d’un nouveau. Bienvenue dans ce nouveau moment. La joie de se quitter puisque nous savons que c’est un début pour chacun. Ensemble et Seul.


C’est donc seule que je reprends la route. Mon corps émotionnel me rattrape. Je suis tentée de maîtriser. Et me dis que non j’ai en effet le droit de me « plaindre » de ce qui ne va pas dans ma vie. Alors je l’exprime dans ma voiture à voix haute. Personne ne m’attend. L’an passé lorsque je suis revenue de cette retraite, j’habitais encore à la maison. Je savais que j’allais retrouvé les enfants et leur père, même si je me retrouvais seule avec la simple présence joyeuse de mes chiennes pour m’accueillir.


Là c’était différent. Plus personne. Même pas les animaux. La sensation de retourner dans un port où je n’ai plus d’attaches. Une sorte de néant. De vide. Le poids des souvenirs. Cela a duré peu de temps. Le simple fait de laisser venir, cela s’est dispersé. Le sourire a repris sa place. Je comprends qu'avant je me sentais perdue. Aujourd'hui je me sens en errance. et la pratique sur l'investigation sous le thème de la cohérence me rattrape : je cherche de la co-hérence dans la vie. Errer avec.

Alors sur la route un sentiment étrange de nouveau, « the same but different » comme dit Julie.

Le même trajet m’est apparu différent. Et le rappel d’une pratique faite dans le cloître du monastère : les aiguilles d’acupuncture. Je me suis satisfaite d’être une de ces aiguilles où que je sois.


Lorsque j’arrive à la maison le silence est quasi absolu. Seul le réfrigérateur signale une présence ! J’accueille. J’ai envie de prolonger la pratique. Peu encline à mettre de la musique pour couvrir. Ecouter le silence. Celui à partir duquel tout son a lieu….même celui du réfrigérateur.


Voilà encore de belles prises de conscience, de beaux élargissements de conscience.


Ici aussi accepter, accueillir, honorer, célébrer tous les pas précédents qui permettent aujourd’hui d’aboutir à un champ plus large. Reconnaître l’impatience qui m’animait à vouloir que « cela » arrive vite et bien.

Le temps, le temps de cheminer, apprécier chaque pas sans les minimiser.

Entre chaque pas des temps d’arrêt, de silence que notre société a converti comme des temps nuls ou ils ne se passent rien...j’y ai cru et me suis engouffrée dans cette frénésie du « faire ».

Le silence comme espace créateur. Comme chaque mouvement est une suite d’immobilité. Une suspension. Celle que nous sommes invités à prendre dans les pranayamas – pratique de respiration hébergée, que ce soit poumons pleins ou poumons vides.

Le temps suspendu.

Un silence.

Là d’où tout émerge.

Du vide, l’inspiration surgit. Puis de nouveau une suspension, un silence. Suivi de l’expiration. Puis une nouvelle suspension. Un cycle.


Vivre l'importance de l'immobilité du moment et de l'après. Souvent dans les séances que je propose j'invite les personnes à observer les sensations dans le corps pendant et après avoir pris la posture; ces temps d'immobilité d'où tout émerge.


Les musiciens ne disent-ils pas que les notes les plus importantes dans une composition sont les silences.

Il en va ainsi de notre partition : notre vie s’écrit sur fond de notre existence, en silence.

Puissions-nous avoir conscience de ces espaces, où « je suis » est éternel.

A la suite du silence d’où émerge ce verbe, la parole est d’or.

Là réside notre pouvoir créateur.

Comme nous questionne Stéphane sans cesse :

« Que mettez vous derrière ce « je suis » ? »

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